sportsregions
Envie de participer ?


Golf. Serge Ludot, une figure du golf breton quitte les greens

 

Bridé par des problèmes de santé, le bénévole morbihannais Serge Ludot (82 ans) s’est retiré des greens. Et le golf breton a perdu un dévoué serviteur qui a contribué à la démocratisation de son sport et à l’éclosion de quelques-uns des plus beaux swings de la région.

Serge Ludot a contribué à la démocratisation du golf. (Photo Arnaud Le Sauce

  • « Aller chercher L’Equipe et la baguette le matin, ça va une semaine… Mais après une vie très active, quand je suis arrivé ici à Carnac pour passer ma retraite, il fallait que je m’occupe ». Alors, Serge Ludot, ancien directeur régional d’un laboratoire pharmaceutique, a fait une des choses qu’il fait le mieux : se mettre au service des autres et en particulier des plus jeunes. Un sacerdoce auquel il vient de renoncer. « Quand je m’occupais de l’école de golf à Saint-Laurent, j’avais fait un diaporama où je montrais qu’un jeune ne coûtait pas plus cher aux membres qu’un rétroviseur de Clio. Et je pense que c’est plus utile ! Je suis toujours parti du principe que, pendant qu’un jeune est sur un terrain de sport, il ne fait pas de conneries. »
    Le Bretillien passera 20 ans à la tête de la commission sportive de la Ligue de Bretagne avec un dévouement certifié et breveté. Mais ce passionné de sport, qui avait d’abord été footballeur et avait brièvement succédé à son père prématurément décédé à la tête des Minimes de Fougères - « le club où a débuté Camavinga », glisse-t-il – n’a attrapé le virus golfique que tardivement.
    A 45 ans, je jouais au tennis et j’ai vu un copain faire un malaise sur le court d’à côté. Je me suis dit : Serge, il serait peut-être bon que tu passes à autre chose. Avec mon frère, on est allé prendre une leçon de golf. Je n’y connaissais rien. J’avais juste un collaborateur qui y jouait ». Deux mois plus tard, il s’inscrivait au Mans. Avant d’en faire de même à Saint-Laurent, golf près duquel il s’est installé à l’heure de la retraite. « Et lorsque j’ai été disponible en 1998, je me suis proposé et j’ai commencé comme trésorier. Ça me faisait chier prodigieusement. Personne ne voulait de ce poste. Mais je n’allais pas faire le difficile. J’ai accepté en disant que moi, ce que je voulais, c’était m’occuper des jeunes, de l’école de golf ».

    « Je voulais démocratiser le golf »
    En quelques années, les 15-20 gamins de cette dernière s’étaient démultipliés (80 environ). « Ça se passait bien et on est arrivé en première division nationale chez les benjamins-minimes. Ça a commencé à attirer les meilleurs jeunes du coin qui n’avaient pas les mêmes structures dans leur club ». A l’image, plusieurs années plus tard, d’un Antoine Le Saux dont le club avait oublié l’inscription aux championnats de France malgré son évident potentiel. La machine était lancée. « Je voulais démocratiser le golf. Pour moi, ce n’était pas, ou plus, le notaire et le pharmacien qui jouaient avec des pantalons à carreau, c’était un sport comme un autre pour moi qui arrivait d’ailleurs. Je venais du tennis et il y avait eu le même processus ». A la clé, plusieurs titres de champion de France pour ses ouailles – Antoine Le Saux (benjamins et minimes), François Le Goff (cadets) - viendront, par exemple récompenser son investissement à Saint-Laurent.
    « On a eu la grande époque… Mais c’est fini ».
    « On a eu la grande époque de l’école de golf de Saint-Laurent où on se bagarrait avec Cicé-Blossac (près de Rennes). Mais c’est fini, déplore-t-il désormais. Il faut des personnes désintéressées, bénévoles. Je bossais comme quand je travaillais mais sans salaire. Le milieu du golf a évolué et est devenu moins sportif, surtout au niveau des clubs, lors des trois ou quatre dernières années. Je suis un peu inquiet pour l’avenir. Les petits intérêts personnels de chacun ont repris le dessus. Sans compter les jeux vidéo qui monopolisent des jeunes moins motivés et sans doute aussi moins bien encadrés ». Toutefois, Serge Ludot ne perd pas de vue le bel investissement de certains à l’image Stéphane Galerne au golf de Ploemeur. « La commission sportive de la Ligue avec Jean Perrier qui m’a succédé et Jean-Luc Poulain, le président, continue à œuvrer, avec de beaux résultats notamment chez les filles dont Tamara Page-Jones s’occupe bien ».
    « Quand il y avait une compétition dans le coin, mes quatre chambres étaient pleines. Il y avait les jeunes Bretons mais aussi leurs copains comme Julien Xanthopoulos, devenu consultant pour Canal + »
    Quoi qu’il en soit, Serge Ludot gardera de nombreux et joyeux souvenirs de cette époque révolue. « Quand il y avait une compétition dans le coin, mes quatre chambres étaient pleines. Il y avait les jeunes Bretons mais aussi leurs copains comme Julien Xanthopoulos, devenu consultant pour Canal + ». Avant de préciser en songeant aux multiples scandales qui émaillent l’actualité : « Chez moi ou lors des déplacements clubs ou Ligue, je ne rentrais jamais dans une chambre. J’avais déjà cette préoccupation… ». Et il a pu jeter l’éponge sans regret.
    « Si c’était à refaire, je referais pareil. Je modifierais peut-être deux ou trois petites choses mais je le referais. Je ne regrette rien… ». En revanche, le golf breton, lui, risque de le regretter longtemps…
  • Repères
  • 1938 : naissance à Saint-Gonlay (35) près de Montfort
    1983 : il prend en main son premier club avant de s’inscrire au golf du Mans quelques semaines plus tard
    1998 : il devient trésorier et responsable de l’école de golf à Saint-Laurent (56) avant d’en être le président pendant dix ans
    2001 : il se voit confier les rênes de la commission sportive de la Ligue de Bretagne

Commentaires

Connectez-vous pour pouvoir participer aux commentaires.